Pourquoi le P2P et le mouvement des Communs doivent agir trans-localement et trans-nationalement

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WORK IN PROGRESS

Un des meilleurs livres que j'ai lu ces dix dernières années est sans doute "The Structure of World History" de Kojin Karatini. Karatini s'intéresse à l'histoire du monde sous l'angle de l'évolution des "modes d'échanges", c'est à dire les productions humaines, mais surtout la valeur "d'échange". Comme Alan Page Fiske, dans "Structures of Social Life", Karatini distingue quatre moyen de base de réaliser ces écahnges, modes qui coexistent de tout temps et partout. Par exemple, alors que la dominance du capitalisme est nouvelle, les marchés existent depuis des temps très anciens. Ou, si la dominance des états "tait nouvelle après le remplacement des systèmes tribaux, la distribution dépendant du rang préexistait à cette dominance. Ce concept est très important car il nous permet de reconnaître que tout système politique ou économique n'est pas juste une modalité mais une intégration de modalités. Comme l'a dit Dmytri Kleiner, "Nous vivons dans un monde multi-modal" et "Si les capitalistes ont gagné, c'est parce qu'ils existaient déjà".

Il est tout à fait différent de voir le capitalisme comme un simple mode de production, puis de déclarer l'état et la nation en tant que simples épiphénomènes du capital, comme les marxistes avaient coutume de le faire, ou d'insister, comme Karatini le fait, sur le fait que le capitalisme est vraiment une triarchie combinant Capital-Etat-Nation.

La raison pour laquelle le système actuel est si fort, c'est que les trois agissent de concert, et chaque fois que l'un est en voie de disparition, les deux autres systèmes se portent à son secours.

Ce que je souhaite faire maintenant, c'est interpréter l'intuition de Karatini, en y ajoutant une couche d'analyse supplémentaire, celle de Karl Polanyi, évoquée dans son livre historique "The Great Transformation". Le livre de Polanyi est une histoire de l'émergence et de la perpétuation du capitalisme depuis le fin du XVIIIème siècle jusuq'aux années 40, dans laquelle il voit un double mouvement à l'oeuvre. Durant certaines périodes, les forces du marché sont dominantes, mais en étant dominantes, elles subvertissent activement l'ordre de la société et la disloquent, mettant beaucoup de gens en danger. La société réagit alors par des mobilisations et les forces du marché sont de nouveau plus dans un «ordre social». Pensez à la façon dont le mouvement travailliste a forcé un réalignement de la société autour de l'état de bien-être, et comment la contre-révolution des années 80 a déréglementé ces protections sociales en faveur des 1%. Maintenant, voyons cette dynamique dans le schéma de Karatini.

Quand le capital devient trop dominant dans le système Capital-Etat-Nation, la nation, lieu de la communauté et de la réciprocité dynamique, se révolte et se mobilise, et oblige l'Etat à discipliner le Capital.

De nombreux observateurs ont été étonnés que, malgré la crise systémique de 2008, il a semblé y avoir absence du contre-mouvement attendu, mais c'était tout simplement l'inertie sociale qui était en jeu. Maintenant, en 2016, nous sommes au milieu d'un jeu polanyien presque partout. Dans le cycle électoral actuel des États-Unis, Trump et Sanders représentent le double mouvement polanyien, et réagissent contre les effets du néolibéralisme et la destruction de la classe moyenne américaine. Trump représente les intérêts des entreprises «nationales», en essayant de mobiliser la classe moyenne blanche en déclin et les travailleurs, alors que Sanders représentent les nouvelles générations de travailleurs qui souffrent de la précarité. Les signes de ce contre-mouvement polanyien sont visibles presque partout.

Néanmoins, il y a un bogue dans le double mouvement (polanyien) !

Et le bug c'est que le «Capital» a développé une logique et une capacité trans-nationales. Le néolibéralisme globalisé et financier a fondamentalement affaibli la capacité de l'État-nation à discipliner ses activités.