« Quand les citoyens prennent les choses en main : coup de projecteur sur les collectifs citoyens créés en 2015-2016 » : différence entre les versions

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Version du 11 septembre 2019 à 18:17

Rapport édité par la Fondation Roi Baudouin - Novembre 2018

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Les citoyens à la recherche d’un modèle de société plus durable prennent de plus en plus souvent les choses en main, entre autres sous la forme de collectifs citoyens, qui produisent eux-mêmes des biens ou des services. Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin et dans le cadre de son Observatoire des Associations et des Fondations, le think tank Oikos a étudié pour la première fois ces collectifs à l’échelle nationale : qui les anime, quelle est leur importance et comment se positionnent-ils parmi d’autres acteurs, comme les acteurs classiques du monde associatif, les pouvoirs publics et les entreprises ? L’étude réalisée par Okois a permis de cartographier les collectifs citoyens créés en Belgique en 2015 et 2016.

Auteur(s)

  • Dirk Holemans, OIkos Denktank
  • Kati Van de Velde, Oikos Denktank
  • Tine De Moor, Universiteit Utrecht
  • Cornelis Kint, Oikos Denktank

Synthèse

Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, Oikos Denktank a réalisé, en collaboration avec le prof. Tine De Moor (Universiteit Utrecht), une étude sur les nouveaux collectifs citoyens créés en Belgique en 2015-2016, une précédente recherche ayant indiqué qu’un grand nombre de collectifs avaient été fondés en Flandre entre 2001 et 2014. L’étude actuelle voulait vérifier de manière plus approfondie si ce constat valait aussi pour toute la Belgique et quelles étaient les caractéristiques des nouveaux collectifs citoyens, en se centrant sur les domaines de l’énergie et de l’alimentation/agriculture.

Elle est partie de l’hypothèse que ces collectifs constituent un nouveau groupe d’acteurs dans la société civile, qui veulent contribuer à une société durable. En même temps, cette étude reste un instantané : seules des recherches longitudinales peuvent indiquer comment évolueront les collectifs citoyens.

Les résultats de l’étude montrent que l’on est effectivement en présence d’un grand nombre de nouveaux collectifs citoyens (‘commons’). Si nous regroupons les résultats – 249 nouveaux collectifs citoyens identifiés – avec des recherches précédentes, on peut parler d’une croissance exponentielle de ces collectifs. L’enquête (taux de réponse de 43%) donne une image claire des répondants et des moteurs de ces initiatives. Il y a une présence équilibrée d’hommes et de femmes, généralement dans la tranche d’âge entre 25 et 45 ans et en grande partie très qualifiés, qui combinent leur engagement avec un emploi à mi-temps ou à temps plein et qui se situent dans les catégories de revenus faibles et moyens.

Les nouvelles initiatives se développent dans des domaines variés, le plus important étant celui de l’environnement et du développement durable. En termes d’organisation interne, elles sont très soucieuses de la participation des membres au contenu, à la mise en œuvre et à l’avenir du collectif. Les collectifs jugent que leur autonomie est cruciale vis-à-vis des pouvoirs publics, mais combinée à une bonne relation avec ceux-ci. Ils ont aussi une attitude positive envers les entreprises: ils voient moins leurs activités comme une concurrence que comme un complément ou un renouvellement de leurs activités.

Les collectifs citoyens ne présentent pas de différences fondamentales entre eux dans les trois Régions. S’il y a des différences régionales – par exemple dans l’indépendance financière – leur organisation et le profil de leurs membres sont très similaires dans toute la Belgique.

En complément de cette enquête, nous nous sommes focalisés sur les domaines de l’énergie et de l’alimentation/agriculture, dans le cadre des recherches scientifiques sur la transition. Il s’avère que les citoyens ont développé en Belgique de nombreuses pratiques innovantes dans ces deux domaines. Si leur capacité de production reste globalement très limitée, ils exercent plusieurs autres rôles dans la transition durable de ces domaines.

Les données empiriques confirment la présence et l’expansion d’une vague de collectifs citoyens, qui constituent un nouveau champ spécifique d’acteurs dans la société civile. Ce mouvement de ‘citoyens ensemble en action’ marque une innovation dans le monde associatif. Il montre que des gens veulent reprendre leur avenir en main, en combinant l’implication dans la gestion et la production de biens et de services avec de nouvelles formes d’association et de rencontre. Si de plus grandes organisations se demandaient comment renforcer ces nouveaux collectifs citoyens, cela pourrait donner lieu à une forte synergie. Des pouvoirs publics actifs peuvent aussi créer des conditions propices à leur développement. On peut ainsi tendre vers une ‘diversité institutionnelle’ dans laquelle des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens donnent forme de manière complémentaire à une société capable de formuler une réponse adéquate aux défis contemporains.

Résumé

De plus en plus nombreux

En 2015 et 2016, 249 collectifs citoyens ont vu le jour en Belgique, répartis dans tout le pays (carte disponible). L'analyse a porté sur les questionnaires complétés de 106 collectifs (36 en Wallonie, 22 à Bruxelles et 48 en Flandre). La plupart de ces 106 collectifs sont actifs dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, de l’énergie, de l’inclusion sociale et de l’économie collaborative. Plus de la moitié affirment que leurs activités relèvent de l’environnement et du développement durable (graphique disponible).

Pour les collectifs citoyens francophones, il s’agit de la toute première étude. Du côté néerlandophone par contre, Oikos dispose de données annuelles depuis 2004 (graphique disponible), qui démontrent que l’année 2009 a marqué un tournant : depuis lors, le nombre de collectifs citoyens créés augmente de manière considérable, et rien ne laisse entrevoir une stagnation de cette croissance.

Qu’est-ce qu’un collectif citoyen ?

Toutes les activités que des citoyen.nes organisent ensemble ne sont pas des collectifs citoyens. N’entrent par exemple pas dans la définition un barbecue de quartier ou un groupe d’action temporaire contre un projet d’abattage d’arbres. Quelques critères sont indispensables pour pouvoir parler de collectif citoyen :

  • l’organisation vise à répondre à un besoin local tout en s’attaquant à un problème structurel;
  • les membres produisent ou fournissent eux-mêmes les biens ou les services;
  • les initiateurs sont des citoyens qui décident eux-mêmes qui fait partie du groupe et qui peut utiliser ou gérer les biens ou les services;
  • les membres ont leur mot à dire sur la forme du collectif, son organisation et ses lignes d’action pour le futur.

Quelques exemples : des coopératives d’énergie ou de logement, des initiatives alimentaires locales, des groupes de transition avec une épicerie sociale, une bibliothèque d’objets coopérative, des fermes communautaires dans lesquelles des consommateurs nouent un lien étroit avec un agriculteur et s’engagent à lui acheter sa production ou même à participer à la récolte.

Les initiateurs : des personnes de 30-40 ans, actives, avec un haut niveau d’éducation

Les collectifs citoyens sont dans une large mesure l’œuvre de personnes âgées de 25 à 45 ans et leurs initiateurs se situent surtout dans la catégorie des 36-45 ans (graphique disponible). Les jeunes et les seniors ne sont quant à eux pratiquement pas représentés. Il y a un équilibre dans la participation des hommes et des femmes ainsi que dans celle des différents types de ménages : isolés, cohabitants et mariés (graphique disponible).

Les personnes avec un haut niveau d’éducation sont nettement surreprésentées parmi les initiateurs des collectifs citoyens : 86,3% de ceux-ci possèdent au moins un diplôme de ‘bachelor’ (graphique disponible) – contre une moyenne de 45,6% dans la population des 30-34 ans selon les chiffres de Statbel. La plupart de ces initiateurs (84,8%) combinent leur engagement avec un emploi (à mi-temps dans quatre cas sur dix).

53,7% des répondants sont politiquement engagés. La moitié d’entre eux (48,6%) estiment que les préférences politiques des initiateurs de leur collectif citoyen se situent à gauche du spectre politique (graphique disponible).

Relation avec les pouvoirs publics et les entreprises : une saine distance

La plupart des collectifs citoyens (58%) sont autosuffisants. 78% d’entre eux ont vu le jour sans la participation des pouvoirs publics. 80% jugent cependant important d’avoir une bonne relation avec ceux-ci. Environ un collectif sur trois se concerte avec l’administration communale au sujet des activités et des services qu’il propose. La relation avec les pouvoirs publics (locaux) ne va pas toujours de soi : certains collectifs sont satisfaits (“la Ville a contribué à rendre notre action possible”), d’autres moins (“on nous a surtout mis des bâtons dans les roues”).

Une minorité de collectifs citoyens (16,8%) estiment que les entreprises les voient comme des concurrents. Les collectifs trouvent que leur rôle vis-à-vis des entreprises est complémentaire (en Wallonie), collaboratif (à Bruxelles) ou innovant (dans les trois Régions). (graphique disponible).

Peu inclusifs

Les secteurs d’activités des collectifs citoyens démontrent qu’ils cherchent souvent à contribuer à une société plus durable. Ils inspirent ainsi d’autres acteurs du monde économique, public et associatif. Mais en raison entre autres de leur désir de proximité et d’action à petite échelle, la contribution de ces modes alternatifs de production et/ou de consommation reste modeste par rapport à celle des acteurs sociétaux (plus) dominants.

Si les collectifs citoyens veulent vraiment tendre vers une société durable et inclusive, il convient de réfléchir à des moyens d’impliquer aussi des personnes moins favorisées dans ce mouvement citoyen.

Table des matières

Synthèse

Avant-propos

Chapitre 1. Contexte et structure de la recherche : les citoyens ensemble en action

  1. De nouveaux acteurs dans la société civile
  2. Structure de la recherche et définition du collectif citoyen
    1. Structure
    2. Définition du collectif citoyen
  3. Transition
    1. Perspective multi-niveaux
    2. Dynamique de la transition
    3. Piloter la transition

Chapitre 2. Enquête : analyse des résultats

  1. Domaines et forme juridique
    1. Domaines
    2. Forme juridique
  2. Évolution quantitative
  3. Caractéristiques sociodémographiques
  4. Création et rôle des citoyens
  5. Implication et participation
  6. Relation avec d’autres acteurs sociaux
  7. Conclusions de l’enquête

Chapitre 3. Zoom sur les collectifs citoyens : les domaines de l’énergie et de l’agriculture/alimentation

  1. Énergie: le rôle des coopératives d’énergie en Belgique
    1. Qu’est-ce que les REScoops?
    2. Le rôle des REScoops
    3. État des lieux
    4. Le rôle des REScoops dans la transition vers un système d’énergie durable
    5. Conclusion
  2. Alimentation et agriculture : restaurer le lien entre citoyens et producteurs
    1. Théorie et transition
    2. Initiatives alimentaires locales
    3. Stratégies alimentaires à l’échelle urbaine
    4. Le secteur alimentaire alternatif
    5. Défis
    6. Recommandations

Chapitre 4. Conclusions et perspectives d’avenir

Annexe 1. Liste des personnes interviewées

Alimentation

Énergie

BIBLIOGRAPHIE