Municipalisme : de l’émancipation citoyenne au pouvoir politique en commun

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* http://www.institut-gouvernance.org/fr/node/257

Résumé

Initiée par la plateforme citoyenne Barcelona en Comú, la rencontre internationale des Fearless Cities (Barcelone 9,10, 11 juin 2017), au crédo de « Villes sans peur, villes espoir, villes refuges », a ouvert un espace de rencontres et d’échanges sur la diversité des expressions du municipalisme à travers le monde. Elle démontre la force des revendications d’émancipation citoyenne, de justice sociale et d’éthique, qui amène des mouvements citoyens à « remporter des villes » et exercer le pouvoir en commun. Si l’Espagne se démarque nettement par la victoire électorale de nombreuses « municipalités du changement en 2015 », d’autres émergent également au Royaume-Uni, au Chili, au Brésil, aux Etats-Unis, en France, … jusqu’aux provinces kurdes du nord de la Syrie.


Malgré la diversité de leurs contextes, ressortent plusieurs traits communs à ces mouvements municipalistes. Tout d’abord la similitude des crises qui favorisent ces conquêtes municipales. De ces crises est née une forte ambition partagée de « recréer des institutions pour gérer en commun ». Répondre aux besoins, attentes et urgences des populations délaissées à l’indifférence ou l’injustice de tout un système, est une priorité qui replace la notion d’intérêt général et de service public au cœur des politiques municipales. Pour les mettre en œuvre, les démarches et outils du municipalisme se veulent d’une exigence et d’une certaine radicalité démocratique. Pour autant, les défis sont nombreux pour ces municipalités qui tentent d’opérer un véritable changement dans les pratiques et les perceptions du pouvoir et du politique. Malgré leur volontarisme, l’enjeu de la participation demeure entier pour que les résultats de la participation ne stagnent plus autour d’un trop petit 15%. De l’intérieur, les mouvements municipalistes font face à un véritable enjeu de structuration, de changement d’échelle et aussi de posture dans le difficile passage de l’activisme à la gestion publique. L’ambition de certains de tendre vers des « non state institutions » (institutions hors de l’Etat) révèle, quant à lui, le combat plus profond qui se joue à l’encontre de l’Etat néo-libéral et des institutions hiérarchisées dans lesquelles les citoyens n’ont plus accès aux sphères de décision et subissent les injustices d’un système qui ne profite qu’à une minorité.


Derrière ces pratiques du municipalisme, c’est en fait une véritable refondation de l’institution municipale qui se joue. Cette refondation invite à considérer autrement la démocratie de co-construction et le temps long, voire lent, qui est le sien. Elle engage également à ce que chacun, élu comme citoyen assume sa part de transformation. A l’heure où bien d’autres majorités en appellent au dirigisme et au repli sur soi, cette refondation réaffirme enfin la nécessité de s’inscrire dans l’espace public républicain. Celui même qui permet que la rencontre entre l’action collective des forces sociales et l’institution publique, remette le politique au service de la cité et de ses populations, dans leur pluralité.


L’auteure remercie pour leur relecture attentive et leurs remarques avisées Vladimir Ugarte et Sergi Escribano de Commons Polis, Olivier Consolo du Mouvement Utopia, Nicolas Krausz de la Fondation Charles Léopold Mayer ainsi que les collègues de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance.

Lire la note complète (13 pages, format PDF)